Comment bien préparer son expédition polaire

Conseils

Dans quelques jours, nous partons en Laponie Suédoise pour réaliser une aventure en Terre Polaire. Ce projet, ça fait des semaines qu’on le prépare et il est temps de vous en parler plus en profondeur. L’expédition Isöken (« désert de glace » en suédois) est une traversée en ski pulka du Sarek, l’un des derniers endroits sauvages du continent. Nous allons explorer ce parc national sur environ 150 kilomètres en totale autonomie du 23 mars au 06 avril 2022. Cette expédition au dessus du cercle Arctique n’arrive pas par hasard, nous avons souhaité mener à bien ce périple pour plusieurs raisons que vous découvrirez dans cet article ainsi que tous nos conseils pour préparer de façon optimale une telle aventure ! 

Plan de l’article :

  1. Qui sommes nous ?
  2. L’origine du projet 
  3. La recherche de partenaires
  4. L’achat du matériel 
  5. L’entraînement physique et mental
  6. Nos motivations 

Qui Sommes Nous ? 

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Marius (à gauche) et Florian (à droite) – Picos de Europa (Espagne)

Juste deux potes qui se sont rencontrés durant leurs études de STAPS à la fac, moi c’est Marius et je pars avec Florian. Passionnés d’aventure, on a déjà réalisé deux trips plus modestes ensemble : la traversée de la Corse à pied sur le fameux GR20 et un trek en Espagne du Nord. Nous avons continué nos études dans la même direction en rejoignant un master spécialisé dans le Tourisme Sportif et d’Aventure. On a pu travailler ensemble sur un mémoire de recherches commun traitant du profil sociologique et psychologique des aventuriers de l’extrême. Dans ce cadre là, nous avons échangé directement avec des explorateurs et aventuriers francophones reconnus, l’occasion pour nous d’engranger de la connaissance précieuse et des retours d’expériences passionnants. Une dose d’inspiration qui aujourd’hui nous pousse à réaliser nos propres expéditions ! 

L’origine du projet 

Au fond, on a toujours su qu’on réaliserait un jour une aventure polaire ensemble. On en parle depuis déjà des mois voire des années, il fallait simplement trouver le bon timing. Après une visite de Flo chez moi à Annecy et de nombreuses discussions autour de notre prochaine aventure, le Grand Nord est apparu comme une évidence. Mais le Grand Nord, c’est large ! Très attirés par le Spitzberg et le Groenland, c’est finalement vers la Suède que l’on décide de se tourner. En effectuant nos recherches, le Parc National du Sarek semble être l’endroit parfait pour notre aventure : un endroit très sauvage, sans infrastructure et quasiment pas de présence humaine, des paysages grandioses, une nature brute, un lieu coupé du monde. Notre choix était fait. Situé juste au dessus du cercle polaire Arctique, le Sarek se prête parfaitement bien aux raids en ski de randonnée – pulka. 

L’endroit choisi, nous nous sommes penchés sur l’itinéraire et avons téléchargé une trace GPX d’un tracé existant d’environ 150 kilomètres. S’en est suivi le choix des dates de voyage, du nom de l’expédition, du matériel qu’on allait utiliser et des potentiels partenaires qu’on allait contacter. 

Un projet de cet ampleur, ça ne s’improvise pas. Surtout dans ces zones géographiques où les conditions peuvent être extrêmes. Pour limiter les imprévus une fois sur place, rien de mieux qu’une bonne préparation. 

La recherche de partenaires 

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Rendez vous physique pour présenter le projet

La recherche de partenaires est optionnelle, bien évidemment. Le fait de chercher et démarcher des partenaires est un bon moyen pour obtenir des aides financières, matérielles et parfois logistiques. Les aventures polaires engendrent des coûts élevés notamment pour l’achat de tout le matériel nécessaire et l’acheminement de celui-ci jusqu’au point de départ de l’expédition. 

A quelques semaines du départ, nous avons monté un dossier de partenariat relatant tout notre projet : dates et durée de l’aventure, itinéraire de l’expédition, présentation de nos profils et du projet, motivations, besoins en matériel, budget prévisionnel total, médiatisation et communication… Le but est de donner envie aux potentiels sponsors de soutenir son aventure afin d’obtenir un soutien financier ou matériel. En échange, vous pouvez leur offrir de la visibilité via des communications dans les médias, sur les réseaux sociaux et rapporter des photos/vidéos exploitables mettant en avant leurs produits, par exemple. Il existe d’autres contreparties, chacun en fonction de ses compétences propres pourra être force de proposition pour convaincre les futurs partenaires.

Suite à la diffusion de notre dossier de partenariat, sur LinkedIn et par mail principalement, nous avons effectué plusieurs appels, visios et rendez vous en physique pour discuter avec certaines marques de notre projet et du type de partenariat que l’on pourrait mettre en place. C’était une première pour nous et nous nous y sommes pris un peu tard. Si c’était à refaire, nous anticiperions davantage. Donc si vous souhaitez trouver des partenaires, un conseil, prenez vous y à l’avance ! Dans notre cas, plusieurs marques souhaitaient soutenir le projet en nous prêtant du matériel mais n’avaient plus de stock disponible à nos dates de voyage. Elles soutenaient déjà d’autres projets d’expédition prévues depuis plusieurs mois. Prévoyez donc un délai d’environ 6 mois entre le moment où vous cherchez des partenaires et la date de départ de l’expédition. Plus vous anticipez, plus vous augmentez vos chances d’être soutenus. 

Nous avons également démarché des collectivités territoriales (villes, départements, régions) mais ces acteurs publics soutiennent difficilement les projets d’ordre privé. Souvent, il faut être rattaché à des associations ou autres causes à impact pour se voir attribuer un financement. 

C’est dans le domaine de l’assurance que nous avons trouvé notre premier partenaire : Chapka Assurance ! En échange de quelques communications sur les réseaux comme Instagram ou Youtube ils nous soutiennent sur la partie assurance/assistance du voyage : merci à eux ! 

Aussi, il existe un autre moyen intéressant de se faire sponsoriser : participer à une bourse Aventure. De nombreuses marques telles que Millet, Explora Project, Fonds de dotation Paul-Emile Victor ou encore Landrover mettent en place sous forme de concours, un système de bourse permettant au projet d’aventure gagnant de se faire accompagner financièrement. Nous avons nous même participé à la bourse Aventure mise en place par Alban Michon avec son Ecole des Explorateurs et Landrover France. Notre projet a été sélectionné parmi les 10 finalistes sur 113 projets au départ mais nous n’avons finalement pas remporté la bourse. Le montant de ces bourses pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros, c’est un coup de pouce non négligeable pour financer une partie de votre projet d’aventure, pensez-y ! 

L’achat du matériel 

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Une partie de l’équipement – Expédition Isöken

La question du matériel est cruciale. Dans les environnements polaires, la réussite de notre aventure dépend grandement du matériel emporté et de la qualité de celui-ci ! Pour cela, nous nous sommes renseigné durant des heures et des heures pour créer notre liste d’équipement et dénicher les meilleures affaires. 

Où acheter son matériel d’aventure ? 

Aujourd’hui il existe pléthore de magasins et sites où acheter son matériel outdoor. De notre côté, nous avons privilégié l’achat de seconde main via des sites tels que Leboncoin ou encore Vinted. Mais de nouvelles plateformes émergent telles que Barooders, Campsider ou bien Everide pour l’achat de matériel outdoor d’occasion. J’imagine qu’il est possible de trouver aussi de bonnes pépites via ces sites. 

Parfois, nous avons dû acheter du matériel neuf chez des marques comme Decathlon, Patagonia, Espace Montagne et via des revendeurs comme Snowleader, Ekosport, Alpiniste ou Varuste

Pour tout ce qui va être lié à la pulka, le site Aventure Nordique propose du très bon matériel également. 

Voici une liste non exhaustive du matériel que l’on emportera :

Vêtements : Doudoune Grand Froid, polaire, veste type goretex, sous pull, pantalon de ski de rando ou d’alpinisme chaud, collant et sous vêtement en laine, chaussettes chaude et chaussettes de ski, sous gants, gants ou moufles grand froid, cagoule, bonnet, chapka, masque de ski ou lunettes de soleil, tour de cou, chaussures de ski et bottes de neige.

Pulka : Pulka, sac de rangement pulka, baudier/harnais, système de traction avec cordes et mousquetons, grand sac de voyage type Duffle 70L, possibilité de prendre un polar bed. 

Ski : Ski de randonnée, chaussures de ski de rando, bâtons de ski, housse pour transporter les skis, peaux de phoque.

Campement : Tente d’expédition, tapis de sol, matelas gonflable (avec R-value élevée), sac de couchage grand froid (-20/-25° confort), réchaud à essence et bonbonnes, popote et nécessaire de cuisine, thermos, pelle à neige.

Electronique : Panneaux solaires, powerbank, lampes frontales, Garmin Inreach Mini*, GPS de randonnée.

Photo/Vidéo : Appareil photo, objectifs, filtres polarisants, trépied, go pro, batteries de rechange.

Nourriture : Lyophilisés, snacks et encas.

*N’ayant aucun réseau classique 3G, 4G dans le Parc National du Sarek, nous utiliserons un Garmin Inreach mini, un GPS à communication satellite permettant d’utiliser le réseau satellite Iridium. Ainsi, nous pourrons envoyer un SMS journalier à nos proches, nous serons géolocalisés (il sera donc possible de suivre notre avancée) et nous pourrons déclencher un SOS en cas de souci majeur afin d’alerter les secours.

Pour transporter tout ce matériel et si vous prenez l’avion, il vous faudra appeler la compagnie ou en tout cas effectuer sur votre réservation une demande d’ajout de bagage spécial supplémentaire pour la pulka. Pour Air France, les skis (skis, bâtons et chaussures) sont considérés comme un bagage en soute classique. Dans notre cas, nous aurons donc un bagage cabine (petit sac à dos), un bagage en soute (matériel de ski) et un bagage spécial supplémentaire (pulka + chargement).

L’entraînement physique et mental

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Entraînement au Semnoz pour tracter la pulka

Ça fait sens évidemment mais l’entraînement est un aspect important de la préparation d’une expédition, il ne faut pas le négliger. Pour les aventures polaires, il est d’autant plus complet. Il n’y a pas de plan d’entraînement miracle, mais voici mes recommandations : 

Il est primordial d’avoir à l’année une très bonne condition physique. Donc un bon cardio, que vous pouvez travailler en effectuant différentes sorties de course à pied par exemple ou en faisant du dénivelé en rando ou ski de rando. C’est en diversifiant l’entraînement que l’on garde la motivation de le réaliser assidûment. 

Ensuite, il faut entraîner, préparer son corps à l’effort qui sera demandé au moment voulu. Sachant que nous allons tracter une pulka en ski, il est conseillé de s’entraîner à la traction en faisant des sorties à pied, en raquettes ou en ski tout en tractant sa pulka, ou des pneus en fonction des conditions d’enneigement et de l’endroit où l’ont vit. Il faut bien sûr être à l’aise dans l’activité que l’on pratiquera donc effectuer des sorties en ski de randonnée nous concernant. Pour cela, nous avons prévu un raid de 3 jours en ski dans le Parc Naturel Régional du Vercors. Ce sera l’occasion également de tester tout notre matériel en amont de l’expédition, c’est vital. Il faut le connaître par coeur et être capable de monter sa tente, gonfler son matelas et utiliser son réchaud dans n’importe quelle situation.

Conserver à l’année une base physique saine permettra d’axer l’entraînement sur les aspects spécifiques à l’expédition. Nous pratiquons donc différents sports tout au long de l’année : ski, escalade, rando, trek, packraft, course à pied, renforcement musculaire, vélo… Pour cette expédition nous avons donc prioritairement travailler sur la traction de la pulka et le ski de rando.

Il peut être intéressant également dans le cas des expéditions polaires de faire des immersions en eau gelée pour préparer le corps aux températures extrêmes. L’alternative de prendre des douches froides, que j’ai choisie, s’avère intéressante également pour plusieurs aspects : meilleure circulation sanguine, moins de fatigue musculaire, sommeil renforcé et il faut le dire, c’est assez challengeant de tenter de rester stoïque sous l’eau glacée. Un bon moyen de dépasser ses barrières mentales et de repenser son rapport au froid avant d’aller côtoyer des températures négatives dans le Grand Nord. 

Au delà de l’entraînement, il est très important de s’informer, se documenter sur l’environnement dans lequel on se rend. Pour cela, rien de mieux que les livres, récits d’aventure, documentaires, podcasts, articles de blog, interviews etc. Il faut être curieux et se renseigner un maximum avant le départ pour être au point et limiter les mésaventures une fois sur place. C’est une manière de réduire les imprévus et de mieux maîtriser la situation durant l’expédition.

Nos motivations

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Expédition en Ski Pulka – Désert glacé du Sarek

A l’origine de chaque projet, différentes motivations résonnent chez leurs créateurs. Pour nous, le Grand Nord et la Laponie Suédoise sonnaient plutôt comme un appel, une invitation à explorer ces territoires. Nous savions pertinemment avec Flo que nous réaliserions un jour et ensemble une aventure polaire. On en parlait assis sur nos sièges en amphithéâtre à la fac ou lors de nos appels qui durent des heures quand on se prend à rêver de nos futurs voyages. 

Nous avons tous les deux vécus des expériences plus ou moins similaires dans le Grand Nord. Nous avons pu explorer une partie de l’Islande et avons vécu au Canada. Flo a tellement apprécié la vie au Québec qu’il est resté deux hivers pour être guide de chien de traîneau. Pour ma part, je me suis installé à Lyon et j’ai exercé pendant deux années le métier de conseiller spécialiste et concepteur de voyages en terres polaires. Le Spitzberg, le Groenland, La Norvège, ou la Suède sont donc des destinations que je connais par les formations que j’ai pu recevoir ou les livres que j’ai pu lire. Mais pour l’un comme pour l’autre, effectuer une aventure en Laponie Suédoise sera une grande première ! 

Ce qui nous a motivé par dessus tout, c’est le fait de découvrir de grands espaces sauvages, vierges et intacts, intouchés par l’Homme. Le Sarek est l’un des derniers endroits sauvages d’Europe, et c’est assez symbolique pour nous que de s’y rendre et de l’explorer. Les paysages nordiques, les lumières si spécifiques, les aurores boréales, la faune, tout y est pour nous donner l’envie de s’y rendre. 

Nous avons tous les deux cette volonté de se créer une vie riche et intense. Pour nous, partir à l’aventure est synonyme de se sentir réellement vivant. Loin de la monotonie de la vie quotidienne (qui a tout de même du bon parfois), on s’offre des parenthèses de moments exceptionnels pour reconnecter avec la Nature et découvrir ou redécouvrir des émotions fortes, que l’on a du mal à ressentir dans nos vies de tous les jours. L’aventure et les conditions parfois rudes qu’on y retrouve sont un moyen de se faire un peu bousculer : on côtoie l’inconfort, on prend sur nous, d’une certaine manière cela nous renforce. Au retour, notre rapport à la société évolue grandement, on arrive plus facilement à se contenter de peu et à apprécier tout ce qui nous entoure. Ce sera aussi l’occasion pour nous de voir comment l’un et l’autre réagit face à ces conditions délicates. On apprendra à mieux se connaître soi même mais aussi à mieux se connaître l’un et l’autre. 15 jours avec une seule et même personne, sans croiser le moindre humain, relève d’un exercice très intéressant. En tout cas, on pourra le constater durant notre périple. 

Une autre motivation, plus personnelle, est ce souhait cher de mettre un pied dans la photographie d’aventure. C’est un milieu qui me fascine et j’aimerai grandement pouvoir vivre de cette activité. Réaliser des aventures en pleine nature et les raconter à travers mes photos et récits, voilà ce qui m’anime le plus aujourd’hui. De cette manière, j’aimerai montrer que l’aventure est accessible et peut être donner l’envie de l’expérimenter. C’est aussi un bon moyen de sensibiliser sur la beauté du monde, mais aussi sur sa fragilité. Ce sont des sujets qui m’intéressent beaucoup : révéler la beauté de notre planète pour inviter à l’émerveillement et inciter à sa protection. Couvrir cette expédition de photos, vidéos, textes, sera un excellent levier pour moi afin de m’orienter dans cette voie progressivement.

Nous sommes très attirés par les différentes expéditions sportives autour du globe et il est vrai que l’on a envie de découvrir différents environnements : déserts, jungles, forets primaires, terres polaires… à travers différentes activités : à pied, sur l’eau, en skis, dans les airs… On aime goûter à ce spectre large de choses à faire et à découvrir que la vie nous offre. On se dit que le plus important finalement, c’est de vivre de nombreuses expériences, d’avoir une multitude de souvenirs et d’histoires à raconter. Et si en même temps on peut inspirer certaines personnes et créer des changements positifs chez certains, alors on aura tout gagner. C’est ce qui nous donne l’envie, chaque jour, de partir à l’aventure. 

Marius

3 réflexions sur “Comment bien préparer son expédition polaire

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